Le 6 mai 1944.
Très cher Papa, très chère Maman, très chère soeur Geneviève (1).
Quand vous recevrez cette lettre, je ne serai plus de ce monde.
Beaucoup
de courage chers parents, bien chère sur.
C'est aujourd'hui que
je dois être fusillé, dans quelques minutes.
Le courage ne me fait pas
défaut, au contraire il en faut.
C'est pour la France que je meurs et
j'en suis fier, vous avez droit à votre fierté.
Vous direz à Eliane (2)
que je pense à elle, que je l'aimerai jusqu'à la dernière minute.
Hélas
je ne pourrai réaliser mon rêve, épouser ma petite Eliane chérie, mais j'appartiens
d'abord à la France.
Que ma chère Eliane m'oublie.
Papa aie
beaucoup de courage, ne te laisse pas abattre par cette terrible nouvelle.
Toi non plus Maman,
Toi non plus Gene Chérie.
Il me faut
finir, nous partons.
Courage pardon de la peine que je vous fais.
Adieu Papa, Maman, Gene,
Adieu tous, Adieu Eliane,
Adieu
toute la famille.
Très affectueux baisers de votre fils et frère qui
vous aime et qui pense à vous.
Roger Madigou. |